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DOSSIER
APPRENDRE ET ENSEIGNER DEMAIN
En France, dans le champ de l’éducation, le numérique est vécu comme une source de peurs plutôt que comme une opportunité. Alors même que dans les pratiques individuelles, il fait totalement partie de la vie des élèves, au niveau collectif, de la classe, de l’établissement, on n’arrive pas à se projeter et à se construire avec le numérique. Les enfants ne sauraient plus se concentrer, ils pourraient accéder à toutes sortes d’informations dangereuses, ils iraient “tout copier sur Wikipedia”... autant de craintes associées à l’usage d’internet à l’école. “On dramatise quelque chose qui devrait être une chance. Le numérique devrait être considéré comme une aventure collective passionnante, un outil formidable de compréhension du monde actuel.” Selon Daniel Kaplan, l’une des pistes consisterait à déspécialiser le champ du numérique. Autrement dit, arrêter de construire des plans spécifiques à l’éducation, ou de réinventer du numérique “aseptisé” avec un contrôle des contenus, spécialement dédié aux écoles. Mais au contraire, utiliser les outils normaux de production, les ressources libres, en un mot : commencer par décloisonner pour dédramatiser... précise-t-il, d’où la place grandissante de la formation continue. Désormais, on sera amené à se former tout au long de la vie, ce qui nécessite d’avoir, dès le départ, appris à apprendre : “savoir partager nos savoirs, collaborer avec ceux qui savent”... Cela existe déjà, cela s’appelle l’expérience. Mais ce processus pourrait “être rendu conscient et visible, pour organiser et valoriser le partage des connaissances dans l’entreprise, voire au-delà de ses frontières .” Se dessine alors une évolution du rôle de l’enseignant ou plutôt des enseignants, car, selon Daniel Kaplan, “le premier enjeu est qu’ils travaillent en équipe ; chacun mobilisant ce qu’il sait faire de mieux – et qui ne relève qu’occasionnellement de sa discipline .”
Aujourd’hui, on a encore dans notre société une suspicion vis-à-vis du travail commun.
Autre frontière qui devrait disparaître, explique Daniel Kaplan, celle entre le travail et la formation. Désormais, chacun peut accéder aux connaissances et aux compétences qui lui manquent en les acquérant lui-même ou en collaborant avec ceux qui en disposent. Entre faire évoluer ses connaissances et changer de métier, il n’ y a donc qu’un pas, “une différence de degré, non de nature”,
On dramatise quelque chose qui devrait être une chance. Le numérique devrait être considéré comme une aventure collective passionnante, un outil formidable de compréhension du monde actuel.